lundi 27 mai 2013

Les Contes de Dame Mélie: dix-septième Chapitre

Les Chroniques de la Nouvelle Calebaïs

Du départ du derniers des enfants de Mélisandre

Mélisandre de Merinita, Nathanaël de Tytalus et Estrella de Bonisagus décidèrent d'accompagner Maenwenn jusqu'à sa nouvelle demeure de Crintera. Altaïr et Syndarion se proposèrent tandis qu'une demi-douzaine de suivants, dont Wulfgär et Gros-Tom, étaient désignés pour assurer la logistique. Frêne de la Branche Cassée, de passage à Calebaïs, décida de partir à leurs côtés pour présenter et renouer le contact avec la Domus Magnus Bjornaër. Les deux hippogriffes récemment adoptés par l'Alliance permirent d'envisager un voyage relativement rapide. Ma Maîtresse jeta des sorts sur ses compagnons pour réduire leur taille et les plaça dans des paniers de transport spécialement conçus pour l'occasion. Selon ses dires, ses allusions au fait d'offrir en pâture aux Furetons quelques suivants pour les entraîner à combattre des monstres de grande taille ne firent rire que moyennement les soldats de la Turbula...

Le premier jour de voyage passa sans difficultés. La troupe s'arrêta dans les Alpes, au-dessus d'un hameau du nom de Curala. Une tempête de neige effraya les hippogriffes, que seule la magie de Mélisandre permit de rassurer. Pendant trois jours et trois nuits ils furent bloqués par le vent glacial et la neige qui s'accumulaient. Altaïr et Syndarion s'essayèrent à améliorer les conditions de bivouac grâce à leurs talents respectifs, mais sans grand succès. Au troisième jour, ce fut une dévastatrice avalanche qui causa grande peur aux Magi mais une combinaison de pouvoirs bien employés permit à tous d'en sortir en vie. Elle permit également de mettre la main sur du gibier et d'améliorer l'ordinaire mis à mal par l'escale forcée dans la montagne.

Lorsque enfin ils purent reprendre la route des airs, ils décidèrent d'éviter tout arrêt inopportun. Ils arrivèrent ainsi en vue de la forêt noire sans autre incident. Un océan d'arbres sombres et lugubres dissimulait la Domus Magnus des Bjornaër. Après plusieurs explorations infructueuses, ils découvrirent l'Alliance accrochée à une falaise. Agencée aux abords d'une immense cascade dévalant un à-pic de 100 pas, la plate-forme d'accueil se trouvait au sommet du plateau, arboré en une sorte d'épais maquis. Quelques escaliers végétaux descendaient chaotiquement vers des alcôves et anfractuosités de la paroi, laquelle abritait nombre de grottes et galeries. En contrebas, la forêt dense d'arbres multi-centenaires aux racines gigantesques semblaient abriter une vie nombreuse et variée. Un impressionnant vol de chauve-souris, suivi d'un gros hibou, indiquèrent aux deux hippogriffes la voie à suivre. A moitié dissimulées, de nombreuses constructions bâties de manière anarchique se disputaient la palme de l'étrange : tanières, grottes, maisons, arbres sculptés, cabanes... Les Magi se présentèrent au hibou et patientèrent quelques instants avant de voir surgir un comité d’accueil : un blaireau, un loup, un renard et un lapin.

Le blaireau se transforma en un vieil homme vêtu de peaux, un grand bâton à la main lui servant d'appui. Son visage semblait marqué par de nombreuses marques animales, comme si de trop nombreuses transformations avaient laissé leurs traces sur son corps. D'après ma Maîtresse, des êtres Fae étaient présents, et elle se saisit de deux d'entre eux, un crapaud et un hérisson. Elle embrassa le premier et le posa sur sa tête, fière de son nouveau couvre-chef invisible pour le reste de la troupe. Caressant le hérisson lové contre sa poitrine, elle rejoignit la conversation qui s'était engagée, notamment par l'entremise de Frêne et du renard qui semblaient se connaître et s'apprécier mutuellement. La discussion tournait autour du contrat d'apprentissage de Maenwenn, et de la résurrection de Calebaïs. La troupe suivit le vieil homme le long d'un étroit escalier de pierre creusé dans la falaise, avant de pénétrer dans une anfractuosité où dormaient plusieurs autres animaux. Le renard prit le relais à la tête de la petite colonne jusqu'au sol de la forêt d'arbres aux formes étranges sans nul doute modifiés par magie. La terre était criblée de trous et de galeries qui expiraient un étrange ronflement.

Levant la tête, les membres de la troupe découvrirent avec stupeur la falaise sculptée qu'ils avaient traversée sans la voir. Un temple romain d'une grande beauté était creusé dans la roche et pour ceux disposant du don de double-vue, dissimulait un véritable complexe de temples. Estrella murmurait et suggéra à ses compagnons qu'il devait s'agir d'un puissant centre de rituel. Nathanaël, frustré de ne pas voir derrière les illusions s'en ouvrit à ma Maîtresse, qui lui offrit le crapaud, toujours invisible à ses yeux, et lui conseilla de l'embrasser pour gagner pendant quelques instants son don. Méfiant, le Magus de Tytalus demanda à l'être féerique de lui offrir son concours, mais il ne récolta qu'un coup de langue visqueux et l’irrépressible fou-rire de Mélisandre. Finalement il se résolut à se laisser aller à rêver pour franchir le Regio et pénétrer dans l'étrange sanctuaire.

Un homme en toge engagea la conversation avec Nathanaël et Estrella, tandis que Mélisandre, assise non loin, boudeuse, lui jetait de petits cailloux. Un fantôme. De nouveau intéressée, ma Maîtresse ignora l'excitation de la Maga de Bonisagus et explora les environs pour réaliser une farce au revenant. Elle se dissimula derrière une statue et enchanta sa voix pour beugler un tonitruant « Mercure est en colère ! Danse pour moi infidèle ! ». Subjugué, le fantôme demanda à Estrella de danser avec lui pour apaiser le dieu. Mélisandre battit la mesure en riant sous le regard courroucé de Nathanaël. L'agitation attira l'attention de nombreux animaux et de Spyridon, qui, prit d'une soudaine inspiration, se mit à jouer comme jamais. Peu à peu une ombre pâle apparut à ses côtés et un silence d'outre-tombe remplaça la musique tandis que le barde laissait peu à peu ses bras retomber, les yeux hagards. « Eurydice ? » demanda-t-il à l'apparition avant d'entamer une longue et passionnée discussion avec elle. Grommelant et pestant contre le silence pesant, Mélisandre s'éloigna en direction d'une nouvelle horde d'animaux menée par un furet. Nathanaël se présenta, lui et l’objet de notre visite. Le furet acquiesça et demanda selon l'ancienne coutume à voir les capacités de Maenwenn. Un cercle d'animaux se forma à l'extérieur et l'enfant prodigue des Magi se montra particulièrement espiègle et joueuse avec les bêtes rassemblées. Adulf, le furet, tapa du pied et l'enfant lycanthrope se transforma en loup sous l’œil appréciateur des Bjornaër présents.

Un loup sortit du cercle et se présenta devant l'enfant métamorphosé. Un ours en fit de même et gronda, tentant d'intimider son adversaire. Nathanaël profita de la situation pour glisser quelques invitations orales pour les jeux de Calebaïs, une idée lui tenant à cœur de défis de créatures magiques. Les deux Magi s’affrontèrent dans un Certamen utilisant les Arts Creo et Imagonem que les spectateurs décrivirent comme un étrange labyrinthe illusoire dont Maenwenn était la porte. Hermann, le Magus ursidé, en fut le vainqueur. Le contrat étant déjà détaillé, et les contractants en acceptant les clauses, la troupe en profita pour négocier des accords commerciaux, et proposer certaines des productions les plus rares de Calebaïs, notamment son vélin, ses plumes et son encre. Joseph, un sanglier se proposa pour guider la troupe vers le nord et les marécages inexplorés s'y trouvant dont les Magi avaient trouvé l'existence dans de vieux registres récemment restaurés de Calebaïs. Selon ces écrits, une puissante magie et sans nul doute une grande récompense reviendrait à ceux qui oseraient s'y aventurer.

La suite...

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