lundi 22 mai 2017

Trente-deuxième Chapitre: D'une étude mystique menant à une possession vampirique.

Les chroniques de la Nouvelle-Calebaïs

D'une étude mystique menant à une possession vampirique.

L'équinoxe d'automne était arrivée sur la région, apportant son lot d'orages et de pluies torrentielles. A Tarascon se tenait la dernière grande foire de l'année, et pour la première fois l'Alliance disposait d'une échoppe qui si elle n'était pas bénéficiaire, permettait de garder un œil sur la plus importante ville marchande dans la zone d'influence de Calebaïs. Les aller-retours plus nombreux avec la cité animent la Turbula, qui arrive à se plaindre que modérément des éléments, au grand soulagement des Magi qui ont encore de nombreux travaux à mener pour améliorer la vie de leurs gens dans le puits froid et humide.

Ce fut lors d'une nuit sans lune, le ciel couvert d'épais nuages ténébreux déversant leur fluide fardeau depuis des heures, que la Cloche d'Ibyn retentit. Immédiatement, défenseurs humains et Furetons se mirent à s'agiter tandis que certains Magi se hâtaient de découvrir l'origine du danger. Picard d'Ex-Misceallanea, absent pour ses recherches et études, ne pouvait utiliser ses talents élémentaires au profit de l'Alliance, aussi ce fut ma Maitresse, prenant son apparence lupine, qui sortit sur la Colline du Voile aux Illusions pour découvrir si le danger venait de la forêt. A l'intérieur, Orion de Verditius parcourait les différents niveaux de l'Alliance, tandis que Nathanaël de Tytalus, Estrella de Bonisagus et Gilles de Jerbiton restaient invisibles.

Geraldus, le plus jeune des héros Furetons dans la hiérarchie de la tribu, mena une troupe d'une demi-douzaine de ses congénères, d'abord dans les cuisines et celliers, afin de s'assurer de la capacité de l'Alliance à subir un siège. Rassuré, il entraîna les siens vers les quartiers des jeunes, l'avenir de son peuple, avant de les faire sortir pour vérifier l'extérieur et notamment les autres espèces animales, magiques ou non qui peuplaient Calebaïs. Ils aperçurent un grand brasier au loin, ne comprenant pas immédiatement qu'il s'agissait d'un des feux d'alarme des défenses extérieures, prévenant les différents postes de garde de l'alerte. 

Géraldus fut rejoint par Dame Mélisandre, qui, insigne honneur pour ceux de sa race, lui permit de monter sur son dos et de conforter son statut au sein de la tribu. Orion de Verditius avait gagné le faîte du puits pour communiquer avec ma Maitresse, et lui indiquer que tout était en ordre dans les niveaux inférieurs. Elle l'invita à trouver Estrella de Bonisagus, ne souhaitant pas provoquer plus avant la Maga, tandis qu'elle réveillerait Nathanaël de Tytalus et Gilles de Jerbiton, toujours aux abonnés absents. Reprenant forme humaine, et escortée par Géraldus et une poignée de ses enfants, elle ne put découvrir où se cachait le Tytalus, mais sembla réveiller Gilles d'un sommeil profond. 

Ce dernier ne semblait pas avoir entendu la cloche, et Dame Mélisandre dut parlementer avec lui pour que Géraldus pénètre dans le Sanctum, le Magus refusant catégoriquement qu'elle n'y pénètre, arguant des dégâts causés dans celui d'Estrella de Bonisagus. Haussait les épaules, ma Maitresse laissa le Fureton vérifier le Laboratoire sous l’œil torve de Gilles. En ressortant, Géraldus eut une réaction étonnante, accusant le Magus d'avoir mangé son serviteur, Alfred, avec une sauce aux fleurs! Le quiproquo finit par une dispute entre lui et Dame Mélisandre quand cette dernière comprit que le réveil difficile de Gilles était du à une ingestion trop importante d'eau de vie féerique. Boudant de ne pas avoir été invitée, elle planta là Furetons et thaumaturge pour aller maugréer contre les traitrises d'amis d'enfance dans son Laboratoire.

Hélas ma Maitresse ne put ignorer bien longtemps la vie de l'Alliance ; au matin, le corps exsangue d'un des enfants de la Turbula, Michel, fut retrouvé à l'extérieur du puits. A l'aide du lien mystique qu'Orion de Verditius conservait avec tous les habitants de Calebaïs, le Magus mena en effet une enquête sur la disparition d'un des fils des cuisiniers, disparu pendant la cohue de la veille. Vérifiant leurs notes quant à la cloche d'Ibyn, les Magi comprirent que l'artefact avait sonné pour annoncer la mort d'un des membres de l'Alliance, et non pour signaler une intrusion. Le fait était d'une gravité sans précédent, car soit le meurtrier était l'un des habitants, soit il avait réussi à passer les défenses de l'Alliance sans les déclencher.

Rassemblés autour du corps, les Magi découvrirent sans peine une piste quittant le puits et indiquant un homme portant un fardeau. La magie permit d'en apprendre plus, grâce au retour de Picard d'Ex-Misceallenea, qui mit ses talents au service du Conseil. Il apprit à ses compagnons, en visionnant le passé, que Gros-Tom, le cuisinier, le propre père de l'enfant, avait conduit son fils mort jusqu'ici, le déposant avant de retourner dans l'Alliance. Fouillant son esprit, Orion de Verditius confirma sans mal que le chef des cuisines n'avait aucun souvenir de son geste, tout ayant été effacé de sa mémoire. Picard d'Ex-Misceallenea demanda la présence d'Estrella de Bonisagus, spécialiste des arts nécromantiques, qui daigna quitter son Sanctum et se joindre à ses confrères. Les parents du jeune mort, hystériques, se jetèrent aux pieds de la Maga pour la supplier de ramener leur enfant à la vie, essuyant un refus ennuyé. Selon elle seul un miracle pouvait ramener un être à la vie.

Ils auscultèrent le corps, ne découvrant nulle trace de blessure mais confirmant qu'il avait été vidé de son sang. Le Flamen protégea le cadavre en l'entourant dans une gangue de glace, tandis qu'il était décidé de rappeler l'esprit de Michel pour le questionner sur ses derniers instants. Le pauvre fantôme ne se souvenait de rien, si ce n'était de s'être levé dans la nuit pour se libérer d'un besoin naturel. Il n'avait aucun souvenir de s'être recouché. Utilisant leurs plus puissants sortilèges, les Magi se rendirent compte que le corps avait été modifié magiquement ; les blessures avaient été refermées grâce à une magie non hermétique. Boaz, le forgeron, capable de distinguer l’œuvre du Malin, fut convié afin de vérifier si un serviteur du Diable ne s'attaquait pas une nouvelle fois à Calebaïs mais il affirma que les blessures n'étaient pas d'origine démoniaque.

Poursuivant leur enquête, les Magi découvrirent que le père avait quitté le puits avec le corps de son fils près de deux heures après sa mort, et sans éveiller les soupçons des gardes. Leur esprit révéla une manipulation mentale qui les avaient poussé à regarder ailleurs et à ne pas poser de question. Les événements, très semblables à la fuite hors de l'Alliance du prisonnier du sarcophage, inquiéta au plus haut point le Conseil, qui se réunit de manière extraordinaire en toute urgence. A la demande de Dame Mélisandre, les Furetons fouillèrent le puits de fond en comble à la recherche de toute odeur sortant de l'ordinaire mais ils revinrent bredouilles. Estrella de Bonisagus avoua avoir des souvenirs contradictoires de la période où elle étudiait le sarcophage et tous comprirent avec effroi que l'esprit de la Maga avait été manipulé comme un simple sodales.

Effrayés par leurs découvertes, le Conseil se rendit là où était conservé le sarcophage, pour découvrir ce dernier vide. Le zombie d'Estrella de Bonisagus n'y était plus! Les pouvoirs d'Orion de Verditius et de Picard d'Ex-Misceallenea permirent de comprendre qu'il avait été réduit en cendres au moment où la cloche d'Ibyn avait sonné. Le sarcophage, quant à lui, ne contenait plus aucune magie. Ils descendirent alors dans les catacombes, et constatèrent terrifiés que les systèmes de défense de l'Alliance, et notamment les squelettes et la statue draconique, étaient liés au sarcophage ou à son contenu, et se trouvaient désormais inactifs. Bien que les enchantements fussent toujours présents, ils ne fonctionnaient plus!

Les Magi décidèrent d’informer leurs alliés et obligés du danger. Ainsi des courriers partirent pour les domaines de Blancastel, d’Acqs, de Pamiers, la cité de Tarascon, le couvent de Sainte-Douceline et l’Alliance de Val Negra. Le Conseil s’employa également à interroger toutes les puissances magiques et féériques de leur connaissance, espérant ainsi dresser le portrait des capacités de la créature.

Le grand dragon Sigusen leur expliqua qu’il s’agissait d’une antique malédiction lorsqu’ils décrivirent les traces de crocs. Maudites, les créatures qui en sont victimes sont vulnérables à la lumière du soleil mais deviennent insensibles à la vieillesse. Elles sont dès lors victimes de leur soif de sang humain et de pouvoir. Les loups-garous d’Acqs abondèrent en ce sens, crachant l’anathème sur l’être qui leur interdit l’accès à Tarascon, interdit encore actif à ce jour.

Ce fut de Val Negra que vinrent les plus nombreuses informations, et notamment le nom de vampire. Selon les cacochymes sorciers, il existe chez ces créatures différentes maisons, comme pour l’Ordre d’Hermès, aux centres d’intérêt et objectifs différents. Elles descendraient toutes d’un personnage biblique, Caïn, premier fils d’Adam et Eve, et posséderaient des pouvoirs magiques considérables. Ayant déjà connus le Crépuscule, ils ne pourraient devenir des fantômes quand ils meurent définitivement.

Armés de ces renseignements, les Magi tentèrent une nouvelle fois d’explorer l’Alliance pour comprendre le rôle de ce vampire dans les événements. Nathanaël de Tytalus interrogea l’esprit du dragon mort enchaîné dans le puits. Il n’était pas conditionné pour défendre les lieux, comme le croyaient les habitants, mais pour protéger Léosthène, la créature qui reposait dans le sarcophage. Habile stratagème de l’Archimaga Granordon, qui avait entreposé le corps dans un sarcophage au plus prêt de la caverne des araignées, afin que le vampire puisse absorber le Virtus et ainsi survivre malgré sa captivité loin de toute source de sang humain.

Mélisandre de Merinita tenta de son côté de tendre un piège au vampire, en se rendant invisible pour parcourir l’Alliance après avoir placé des groupes de Furetons de garde à tous les étages. Malheureusement toutes ces précautions ne protégèrent pas Albert, le majordome de Gilles de Jerbiton, qui fut retrouvé exsangue dans le sarcophage, sans que nul n’eut rien vu.

Les accusations incessantes de ma Maîtresse contre Estrella de Bonisagus entraînèrent son départ pour la Rhune, lourdement chargée d’ouvrages et de parchemins. Nathanaël de Tytalus reconnut alors qu’il soupçonnait le vampire de se dissimuler dans le laboratoire ou le Sanctum de la Maga, mais que rien ne permettait de le prouver. Des équipes de Furetons encerclèrent les lieux, tandis que Dame Mélisandre s’assurait que les lieux étaient bien vides. Seul un minuscule réduit, dissimulé derrière un mur des catacombes, fut découvert. Par quelque stratagème peu glorieux, Mélisandre de Merinita et Nathanaël de Tytalus pénétrèrent dans les quartiers de Gilles de Jerbiton, redoutant que la créature ne manipule le maître de sa dernière victime. De très nombreux objets et documents sur les romains parsemaient les tables du laboratoire où trônait un lourd plastron de centurion, découvert des années auparavant lors d’une expédition en forêt noire.

Dame Mélisandre entreprit de porter l’armure, mais si elle ressentit une sensation étrange, ne put que constater son innocuité. Ils se résolurent à interroger plus avant leur ami sur ses expériences sur la cuirasse, soupçonnant son rôle dans les dernières vicissitudes de l’Alliance. Gilles de Jerbiton se moqua d’eux, mais lorsqu’il entreprit de porter le plastron pour dissiper leurs derniers doutes, ma Maitresse ressentit l’activation d’un puissant sort Rego Mentem. Nathanaël de Tytalus parvint à faire retirer l’armure à son compagnon, ce qu’attendait en trépignant d’impatience la fantasque demi-fae. Elle s’empara alors de la cuirasse d’un geste brusque et activa ses pouvoirs pour disparaître, quittant la pièce à toute vitesse. Elle commença par se dissimuler dans son Sanctum, espérant cacher l’armure dans les illusions pour quelques temps, mais des Furetons effrayés l’avertirent que les choses s’envenimaient dans les profondeurs du puits. Gilles de Jerbiton, comme possédé, utilisaient ses pouvoirs pour prendre le contrôle des soldats et servants de l’Alliance et menaçait de faire un sort pire que la mort à quiconque ne lui rendrait pas son bien. Recommandant à ses enfants de regagner leurs terriers et de s’y cloîtrer, elle fut rejointe par Nathanaël de Tytalus et Orion de Verditius et ils décidèrent de rejoindre le grand dragon Sigusen afin que ce dernier brise le pouvoir de l’objet et libère leur compagnon.

Sigusen étudia l'objet maudit, expliquant aux Magi qu'il servait de prison à un fantôme vampirique vieux de plusieurs siècles et capable de posséder celui qui porterait l'armure [voir objets magiques]. Les puissants enchantements protégeant le repère du dragon avait rompu la possession et Gilles de Jerbiton était de nouveau libre. Soulagé, le Conseil décida de laisser la cuirasse à la garde du dragon afin de limiter les risques.

La suite...

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