dimanche 19 février 2017

Les Contes de Dame Mélie: vingt-septième chapitre (troisième partie)

Les Chroniques de la Nouvelle-Calebaïs

D'une histoire de fantômes, de démons et de dragons (3e partie)


 Le Seigneur d'Acqs reçut le rapport d'un garde l'informant du gel rapide la rivière, et de la venue d'un froid polaire comme il n'en avait jamais été dans la région depuis des décennies. Comprenant que ses compagnons étaient sans doute en danger, il attendit la nuit pour sortir de la cité et prendre sa forme lupine pour partir à leur recherche. Il les retrouva à moitié morts de froid, et les transporta jusqu'à l'église de Notre Dame de Sabart pour les confier aux bons soins d'Aubin, le Parfait en charge de la communauté.

Utilisant les arts immémoriaux de son peuple, il rejoignit l'Alliance au plus vite, prévenant les Magi des derniers événements. Orion de Verditius et Picard d'Ex-miscellanea décidèrent de se rendre à Tarascon pour découvrir le dessous des événements. Deux enfants de servants avaient disparu pendant la nuit à l’Alliance et Estrella de Bonisagus ne répondait plus dans son Sanctum. Prenant le risque de déclencher l'ire de la Maga, ils firent pénétrer un servant dans le laboratoire pour le trouver vide, toutes ses recherches et ouvrages encore présents, comme si elle l'avait quitté précipitamment.

Arrivés à Tarascon, les deux Magi et le chevalier s'entretinrent avec Aubin, qui leur affirma que leurs compagnons souffraient de gelures mais que leur âme était également troublée. Selon Orion de Verditius, leur esprit avait quitté leur enveloppe charnelle. Picard d'Ex-miscellanea, utilisant un de ses artefacts, découvrit qu'une puissante magie Mentem avait été utilisée contre eux. Tentant d'en savoir plus, le Verditius essaya de pénétrer leur esprit mais tomba inconscient. Son bourdon entra alors en action, et emporta dans une puissante magie le corps du Magus et ses compagnons à l'Alliance.

Radoslav réagit avec intelligence et rapidité. Se transformant à nouveau, il prit avec lui Picard d'Ex-miscellanea et le conduisit dans le monde des esprits. L'apprentissage auprès de l'Ancien de la Tribu ne fut jamais aussi utile que ce jour, car il lui permit de suivre le fil de l'esprit du Verditius jusqu'à Tarascon. Non loin de la cité ils découvrirent une puissance magique incommensurable en train de se réveiller, un esprit-totem aussi ancien que la terre selon Radoslav. Picard d'Ex-miscellanea profita d'une vue inconnue aux Magi hermétiques pour observer Tarascon. A la place de la maison décrépie un nuage ténébreux, empli de fiel, semblait défier la création. Aucune source de magie, même infime, ne semblait survivre en ville, sans nul doute l'effet de son aura rationnelle. Quand aux trois églises, une faible aura divine les entouraient et les protégeaient.

Sortant du monde des esprits sur les remparts, dissimulés dans les latrines, Radoslav revêtit son apparence de loup, espérant que le mauvais temps le ferait passer pour un chien. Esquivant une patrouille, l'esprit de Picard d'Ex-miscellanea fut attaqué, brisant sa Parma Magica. Souhaitant se mettre à l'abri, le Magus et son compagnon rejoignirent l'église de Notre Dame de Sabart. A l'abri dans le lieu saint, ils récupèrent l'épée sainte du Tytalus, s'assurant d'une arme que même les plus puissantes créatures magiques ou démoniaques craindraient. Ils furent rejoints par Eule, familier d'Orion de Verditius qui prit forme humaine pour éviter d'attirer l'attention.

Il apprit aux deux hommes que l'esprit de son maître se trouvait prisonnier dans la maison du premier Consul, Pierre. Chaque indice et soupçon faisait planer le doute sur la femme de ce dernier, apparue à Tarascon à l'époque où Pamiers fut purgée du Malin par le Comte de Foix et ses vassaux, à l'instigation de l'Alliance. Picard d'Ex-miscellanea décida de rentrer à l'Alliance préparer un plan d'attaque et les éléments magiques nécessaires à la protection de son esprit. Le chevalier bogomile n'eut pas cette patience, et se rendit accompagné de ses deux hommes d'armes chez le premier Consul.

Radoslav demanda à voir la femme du Consul ou ce dernier, mais la servante, une jeune fille au visage innocent, l'informa de leur absence, la nourrice élevant leur enfant, Nadala, la toute jeune femme du fils d'Arpagon, le drapier suicidé, venait de trouver la mort. Une messe en son honneur devait débuter sous peu en l'église Saint-Paul. Utilisant sa charge, il parvint à se faire inviter à l'intérieur, et entendant un nouveau-né pleurer, il suivit la jeune fille alors qu'elle s'excusait pour s'en occuper. Discutant avec elle, il apprit son nom, Philibert, le même que celui du défunt Baron de Pamiers, diaboliste et adorateur du Diable convaincu, exécuté lors de la croisade du Comte de Foix. Pendant qu'elle changeait l'enfant, il parvint à voir un étrange tatouage ésotérique sur le dos du nourrisson, achevant de le convaincre que les serviteurs du Démon avaient survécu à la purge. Le nom de Carmina de Pamiers, une des filles disparues du Baron, lui revint en mémoire.

Sans preuve et sans appui dans la cité, il se décida à agir et tenta de briser la nuque de la nourrice. Elle résista sans effort et ses mains qui avaient connu d'innombrables batailles se raidirent quand il vit la lueur malsaine dans les yeux de la jeune fille. Elle tendit la main et le toucha au front, hurla et disparut. Un rire sépulcral résonna dans la pièce, rappelant de tristes souvenirs au chevalier. Suspicieux, le Seigneur d'Acqs dégaina la gigantesque lame offert par un Archange, et frappa autour de lui, tranchant la chair juvénile et invisible. Le corps moribond réapparut et Radoslav s'empressa d'apposer le pommeau en forme de croix sur le front de la possédée, priant de toute son âme pour en chasser le démon. Hélas sa foi ne fut pas suffisante et le corps sembla se régénérer. Comprenant que le mal était plus puissant, il trancha la tête de la nourrice et la jeta au loin, espérant que le diable ne pourrait ainsi réparer son véhicule.

Se préparant à bouter le feu à la maison pour assurer ses arrières, il fut interrompu par le familier du Verditius. Il consentit quelques instants au hibou pour faire le tour de la demeure et retrouver son maître, mais hélas un mur de pierres épais en bloquait l'entrée. Ne souhaitant pas perdre de temps et mettre en sécurité l'enfant, Radoslav demanda à ses hommes d'asperger d'huile tentures et tapisseries avant d'y mettre le feu. Enveloppant le nourrisson, qu'il pensait être le réceptacle d'un démon ou d'un esprit malin, il prit le chemin de l’Alliance pour s'en débarrasser.

L'incendie dans le dos, accompagnés par la tempête de neige et le son du glas, ils quittèrent la ville d'un bon pas. Eule s'envola dès les remparts hors de vue afin de prévenir les Magi, et Radoslav demanda à ses hommes de sécuriser la communauté cathare et de prévenir le Parfait Aubin du danger. Il prit la route de la montagne, espérant que la Nouvelle-Calebaïs enverrait quelqu'un à sa rencontre. Ce furent des membres de son peuple qui le rejoignirent, guidés par l'Ancien Théurge. Examinant l'enfant, il assura le chevalier qu'il n'était en rien corrompu, bien au contraire, les marques sur son corps le protégeant de toute corruption. Convaincu qu'il s'agissait sans doute d'un sacrifice à Satan, et d'un outil précieux au service du Démon, il demanda à ses frères de le guider au plus vite vers l'Alliance pour le mettre en sécurité. Cela fait, il organisa l'encerclement de la cité et l'affût débuta, les loups-garous attendant que leur ennemi séculaire ne quitta la protection des remparts.

A l’Alliance, seuls deux Magi étaient encore en capacité de réagir aux événements. Tandis que Gilles de Jerbiton surveillait l'enfant, Picard d'Ex-miscellanea s'enferma dans la bibliothèque, et à l'aide de Malores se mit en quête de tout ce qu'il pouvait trouver sur l'étrange symbole. Le salut vint d'Eule, le familier, qui rapporta du laboratoire de son maître Verditius d'anciennes tablettes d'argile rédigées en hébreu. L'une d'entre elles arborait le même symbole que l'enfant, un puissant signe de vie d'une tradition ésotérique hébraïque, la kabbale. Selon Gilles de Jerbiton, des membres de la famille du banquier du Comte de Foix, sans doute le plus riche et éminent membre de sa communauté, vivaient à Tarascon. Sa famille dissimulait autre chose que des ressources financières inépuisables. Picard d'Ex-miscellanea demanda au Magus Jerbiton de manipuler son esprit, y conditionnant l'ordre de boire une potion conçue à l'aide des champignons féeriques provoquant les cauchemars en cas d'attaque mentale.

Picard d'Ex-miscellanea repartit ensuite pour Tarascon, monté sur un des hippogriffes de l'Alliance. Se posant à une paire de lieues de la cité, il fut surpris par un loup-garou, mais le face à face fut désamorcé par l'arrivée de Radoslav. Ce dernier envoya son frère de meute prévenir le Théurge de faire surveiller l'Aïeul endormi dans la rivière. Rejoignant la communauté cathare, les deux hommes furent accueillis par Aubin, et surpris de découvrir Spyridon mener une représentation devant les hommes et les femmes rassemblés. La tempête faisant rage à l'extérieur, ils entamèrent une discussion avec le Parfait, avant de se décider à se risquer à nouveau dans le froid glacial.

La porte nord des murailles n'étant pas gardée à l'extérieur, Picard d'Ex-miscellanea utilisa sa magie pour leur permettre de franchir les lourds battants de bois. Le garde à l'intérieur accepta les explications du Seigneur d'Acqs, craignant d'avoir commis une faute et d'être réprimandé. La ville semblait en veillée funèbre, et Spyridon informa ses compagnons que l'incendie combiné aux morts suspectes des derniers jours avait inspiré au Père Georges un prêche enflammé contre les sorciers de la montagne. La Troupe soupçonnait un nouveau maléfice démoniaque mais devait se concentrer sur la libération des Magi prisonniers. Passant par le cimetière pour vérifier la présence des fantômes, Spyridon une nouvelle fois les prévint qu'ils se trouvaient à l'extérieur des remparts.

Guidés par Picard d'Ex-miscellanea ils se rendirent dans les vestiges encore fumants, couverts de neige fondue, de la demeure du premier Consul. N'y voyant goutte à cause de la neige et du blizzard, les compagnons entendaient néanmoins les citadins tous à leurs prières. L'ambiance était glaciale, morose. Grâce à Eule, le familier, ils purent sans mal découvrir le mur dissimulant un accès au sous-sol. La magie de Picard d'Ex-miscellanea fit de nouveau un miracle et pénétrant dans les ténèbres, ils découvrirent un escalier. Mais le fantôme de la nourrice, rendu fou par la possession et sa mort violente, s'en prit au familier puis à Radoslav, tentant de les posséder. Calmé par la voix de Spyridon, le fantôme se dissipa peu à peu en fumerolle et regagna son corps supplicié.


Ne souhaitant pas perdre de temps pour l'instant, les compagnons descendirent dans l'obscurité, gagnant une pièce richement meublée mais peu décorée, sur laquelle donnaient quatre portes. Eule indiqua l'une d'elle et Radoslav l'enfonça, découvrant des cellules. Les esprits de Nathanaël de Tytalus, Orion de Verditius et Gloïn, ainsi que d'autres fantômes de citadins, attendaient le bon vouloir de leur geôlier. Surpris, ils constatent que l'un d'entre eux est le fantôme de Granordon, une des anciennes Archimaga de la Calebaïs déchue. Des années auparavant ils avaient accepté de lui offrir le corps d'une jeune femme afin qu'elle cesse de hanter le puits. La Troupe comprit sans mal que la servante de l'auberge disparue, réputée pour son goût pour le péché de chair, ne devait être que la dernière incarnation de l'Archimaga.

Picard d'Ex-miscellanea essaya alors de creuser sous les cellules avec sa magie, espérant libérer les Magi, mais son sortilège ne fut pas assez puissant pour briser l'enchantement. Il arriva néanmoins à communiquer avec eux, et tendis que le chevalier tentait de briser le rituel démoniaque à grands coups d'épée sainte, Picard d'Ex-miscellanea de son côté envoya Spyridon et un des hommes d'armes du Seigneur d'Acqs chercher le corps de Nathanaël de Tytalus pour tenter de lui rendre ses pouvoirs et lui permettre de s'attaquer à la magie des cellules. Il sortit à leur suite mais partit dans une autre direction, se perdant dans le blizzard (Il tapa à toutes les portes de la ville jusqu'à trouver celle du Rabin de Tarascon pour en apprendre davantage sur le tatouage kabbalistique présent sur la peau du jeune Philibert, le fils de Pierre, premier Consul de Tarascon. Là il trouva sa femme en deuil, car elle venait de perdre son époux dont le corps reposait sur son lit à l'étage de la maison. Il apprit qu'elle était la mère de Boaz, fruit d'une infidélité, qu'elle abandonna jadis. Elle lui permit de consulter sans pouvoir l'emporer un ouvrage rédigé en hébreu relatif à la kabbale. Au chevet du défunt, il entra en contact avec l'esprit du Rabin à qui il expliqua la situation. En réponse, l'esprit du Rabin investit la menorah placée sur la cheminée voisine, laquelle s'alluma d'une lumière éternelle et divine.). Pendant ce temps, le chevalier bogomile, pensant avoir briser l'enchantement grâce à la sainteté de la lame de Saint-Michel, détruisit la serrure de la cellule d'Orion. Pénétrant à l'intérieur, il se rendit compte que les barreaux étaient en argent, bien que recouverts de siècles d'usure et de corruption. Malheureusement un second sortilège, bien plus puissant, restait à vaincre pour libérer les esprits et fantômes emprisonnés. Il brisa l'ensemble des serrures, attendant de plus en plus irrité le retour

Spyridon n'eut pas de difficulté à quitter la cité, les gardes de la porte, encore sous son charme, ne lui posant que quelques questions par habitude. Récupérant leurs chevaux et les corps inanimés de Gloïn et Nathanaël de Tytalus, ils revinrent à travers la tempête, toujours plus puissante d'heure en heure. Sur le retour les deux hommes croisèrent le Magus Picard, portant une étrange chandelle allumée, protégée par son manteau. Sans grande difficulté ils se rendirent compte qu'ils étaient suivis, et en informèrent le chevalier bogomile une fois rentrés dans la maison en ruines. Ils installèrent les corps dans les cellules, et les esprits des deux membres de l'Alliance tentèrent d'y entrer, sans succès. Orion de Verditius s'enquit de l'étrange objet couvé par le seul Magus encore libre de ses mouvements et se rendit compte qu'il s'agissait d'un objet magique d'essence divine, mais étrange ; une relique de la kabbale d'après les on-dit. La magie classique semblant incapable de briser le rituel enfermant les compagnons, Picard d'Ex-miscellanea expérimenta un étrange sortilège. Associant une étrange magie disparue, qui l'obligea à verser son sang dans une coupe de pierre, il emprunta à ses récentes connaissances kabbalistes symboles et principes, et réalisa une pâte à l'aide de Virtus Auram et de son fluide corporel. Marmonnant sur la nécessité de rétablir l'équilibre entre les éléments, il étala sa mixture sur les barreaux et les murs de la prison. Quoique le Magus réalisa entre ces murs, il réussit car les fantômes commencèrent à errer mais les compagnons capturés ne purent reprendre possession de leur corps.

Pendant ce temps Radoslav se dévêtit et se transformant en loup, quitta discrètement la maison pour prendre à revers l'espion. Sa surprise fut grande quand il aperçut un prêtre, frigorifié, faisant le planton au coin de la rue. Le Père Stéphane, rigoriste et suppôt de Rome, attendait patiemment qu'ils quittassent à nouveau le repère de la démoniste. De son côté, l'esprit de Granordon, puissante nécromancienne de son vivant désormais à moitié folle, fut sous le charme de Picard d'Ex-miscellanea, le héros qui était parvenu à la libérer. Ce dernier, perdu dans ses pensées, semblait alors l'ignorer complètement. Nathanaël de Tytalus tenta alors une approche, pensant pouvoir manipuler le fantôme et profiter de son pouvoir. Hélas ses talents d'orateur sont aussi piètres que sa capacité à mettre en danger l'Alliance est grande, et malgré l'aide de Spyridon il ne put détourner l'attention de l'ancienne de son nouvel amour. Utilisant le principal défaut de nombre Magi, l'égo, il défia Granordon de réussir à leur rendre leur corps terrestre et ce fut presque sans y penser qu'elle leur rendit à leur enveloppe charnelle.

Granordon continuait à s'enquérir de la santé de Picard d'Ex-miscellanea et de sa perte de sang, allant jusqu'à utiliser la force magique la rattachant à se monde pour le soigner. Impressionné par ce sacrifice, le Magus commença alors à ressentir un lien se créer avec la très ancienne Maga, sans doute poussé en ce sens par les discrets accords du troubadour Spyridon. Finalement les derniers remparts de Picard d'Ex-miscellanea cédèrent, et le fantôme tenta de se jeter autour de son cou, scène cocasse s'il en est. La discussion redevînt peu à peu sérieuse et Granordon à la demande de son tout nouveau bien-aimé, recréa un lien entre le corps et l'esprit d'Orion de Verditius. Ce dernier partit alors sous sa forme fantomatique pour récupérer son bien à l'Alliance. L'Archimaga apprit à la Troupe que la responsable de leurs malheurs ne pouvait être Carmina de Pamiers, qu'elle ne connaissait pas, mais sans aucun doute selon elle Malevorus Videri, une des autres Maga de l'Alliance perdue. Selon Nathanaël de Tytalus, il était possible que ce fut elle, profitant de l'échec passé du rituel de protection de l'Alliance, qui se soit échappée de l'Enfer par la brèche alors ouverte. Si cette assertion était terrifiante, il restait néanmoins à la vérifier. Mais la conversation dériva très vite sur la tempête faisant rage à l'extérieur, et Granordon sembla alors terrifiée, invectivant les Magi irresponsables, coupables d'avoir libérer une si puissante créature magique. Elle leur recommanda de fuir avant que son réveil ne soit complet, et leur rappela que la création de Calebaïs avait débuté par la mort d'un puissant dragon femelle, dont le corps y servait encore aujourd'hui d'ultime défense magique. La créature endormie dans le lit de la rivière, surnommée la Tarasque par les légendes, n'était selon elle que la fille du dragon, enchaînée là par tous les Magi réunis de la Calebaïs déchue. Et si la nouvelle Alliance avait pu peu à peu nouer des liens de respect mutuel avec Sigüsen, le grand Dragon, et un de ses fils, il était évident que Vivesaygues, emprisonnée depuis plus d'un siècle, souhaiterait se venger.

Le chevalier bogomile quitta sa forme lupine et profita de sa stature pour assommer le prêtre. Trainant le corps sans ménagement dans la maison, il rejoint, nu comme au premier jour, et s'empressa de le ligoter et le bâillonner, couvrant également ses yeux. Pendant qu'il revêtait ses habits, Nathanaël de Tytalus observa attentivement l'homme d’Église, et prévînt la Troupe qu'une puissante aura divine le protégeait. Craignant une nouvelle interruption, ils décidèrent de fouiller rapidement les autres pièces et découvrirent dans une réserve une poignée d'objets magiques ouverts à l'enchantement mais vidés de tout Virtus. Se frottant les mains, les Magi récupérèrent ainsi un fétiche, un bracelet, une coupe, un miroir et quatre armes. L'analyse rapide des lieux, associée aux cellules en argent, leur permit de conclure à la présence près de mille ans auparavant de chasseurs de loups-garous, bien qu'il fût difficile de tirer plus d'informations des reliques sans étude plus poussée. Néanmoins, Picard d'Ex-miscellanea, pris par l'excitation, laissa échapper son intérêt pour les vestiges Diedne que pouvait contenir une telle cache. Nathanaël de Tytalus s'empressa de lui faire la morale sur les dangers à rechercher des restes de démonistes proscrits et anéantis par l'Ordre. Souhaitant échapper à un interrogatoire plus poussé, Picard d'Ex-miscellanea découvrit derrière une autre porte un passage dissimulé menant au cœur du château. Une solution de repli de bon aloi.

Mais leur recherche fut troublée par un nouveau mystère, sans doute encore plus inquiétant que les précédents: une dernière porte recouverte d'enchantements par couches successives. Selon Nathanaël de Tytalus et Orion de Verditius, il s'agissait d'une magie divine non hermétique, sans doute en lien avec les premiers utilisateurs des lieux. Souhaitant découvrir ce qu'elle dissimulait, les Magi abattirent par magie une des parois murales, révélant une zone de ténèbres profonde et difficile à éclairer. De nombreux glyphes, démoniaques cette fois, couvraient murs, sol et plafond. Au centre, un sarcophage de pierre, de taille humaine, était couvert d'écritures en grec. Selon Spyridon, et bien qu'il ne puisse en distinguer qu'une partie, les écrits racontaient l'histoire d'un chef militaire, sans doute un stratège des grandes heures de Sparte ou d'Athènes. Picard d'Ex-miscellanea interrogea Granordon, qui indiqua à la Troupe que ce qui se trouvait dans la sarcophage l'avait quitté de son vivant, mais elle se refusa à en dire plus ; ses connaissances étaient bien trop dangereuses pour les Magi selon elle. Gloïn, bien silencieux depuis sa libération, surprît l'Archimaga en affirmant que le sarcophage était récent et s'attira un regard noir se sa part. Les compagnons se refusèrent à rester plus longtemps pour tirer les vers du nez du fantôme, et décidèrent de faire s'écrouler les galeries, scellant les souterrains jusqu'à une nouvelle visite ; la tempête redoublait d'intensité au-dessus d'eux.

Cherchant une solution pour attirer les soupçons sur d'autres qu'eux sur les derniers événements ayant endeuillés la ville, et ne disposant que de peu de temps, ils libérèrent le prêtre, toujours inconscient, dans une des cours du château, entouré par les fantômes jusqu'à peu prisonniers des cellules et errant sans but. Appelant la garde et faisant grand bruit, ils espéraient un répit pour essayer de stopper le réveil de la Tarasque, repoussant problèmes vulgaires et démoniaques à plus tard. Orion de Verditius, épuisant les dernières ressources de son bourdon, rapatria l'ensemble de la Troupe à Calebaïs, abandonnant les chevaux à la garde d'un des hommes d'armes de Radoslav. De nombreuses surprises les y attendaient.

La suite...

1 commentaire:

  1. A faire post scénario:
    -Mélisandre proposera suite à la catastrophe Tarascon que chaque sortie impliquant des magi (en gros les scénars) fassent l'objet d'un debriefing en conseil et que les problèmes rencontrés soient gérés collectivement pour éviter qu'ils se reproduisent, et ce à l'aide des saisons de service. Par exemple par la création de sorts, d'objets, de potions, etc... qui feront qu'on ne sera plus pris au dépourvu si des problèmes identiques réapparaissent.
    -est-ce que Gilles dispose des sorts pour effacer/réécrire les mémoires, contrôler l'esprit, etc... Pour venir faire le ménager et notamment nettoyer l'esprit des notables (prêtres, consuls...) et permettre un prêche public nous exonérant de tous les torts et accusant les coupables (démonistes...) et les vrais héros (Radoslav, et pourquoi pas Bastien si on peut le contrôler, le petit peuple semble l'aimer).

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.